Chocolat
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Archives Production Petits ruisseaux |
https://www.lespetitsruisseaux.com/index.php/nos-evenements/archives/chocolat#sigFreeIdb31f6b02c9
Création : 2009 |
Calendrier : |
Tournée CHOCOLAT 2009/2010
Tournée CHOCOLAT 2010/2011 19 octobre Dijon Théâtre Fontaine d’Ouche 14h30 et 19h 21 octobre Nevers FOL 58 sous chapiteau Esplanade du Palais Ducal 21h 2 décembre Vandoeuvre-les-Nancy Lycée 27 mars Montreuil 5 mai Lausanne Festival Fécule Grange de Dorigny 10 et 11 mai Sevran Service Culturel Salle des fêtes 11 juin Luxembourg Institut Pierrez Wermer 20 août Uzeste, Festival, 19 octobre Lille, université, à 17h30, 14 janvier 2012 La Norville, Service municipal, à 20h30, 20 mars Coutances, Lycée agricole, à 14h30, 22 mars Nantes, festival fil en tête à 20h30, du 1 au 5 mai Fort de France, Scène Nationale, 9 mai Villepinte, service municipal, à 10h, 19 mai Angers, service municipal, à 14h30 |
Présentation |
Le spectacle débute par une conférence de l’historien Gérard Noiriel. Il commence par présenter une vision panoramique de l’histoire des discriminations. Mais son propos est soudain « perturbé », stimulé, détourné, retourné par l’intervention du clown Chocolat. L’histoire savante de l’historien et ainsi complétée par l’histoire vécue de Rafael. Cet orphelin, né à Cuba en 1864, esclave dans son enfance, vendu à un riche propriétaire portugais, a connu finalement la gloire en France à la fin du XIXe siècle, grâce au célèbre numéro qu’il présentait au Nouveau Cirque avec son compère Foottit. Foottit et Chocolat ont inventé une forme de duo entre le clown blanc et l’Auguste qui va marquer profondément l’histoire des clowns, mais dont on a oublié aujourd’hui la dimension raciale. Le succès tient au fait que le clown noir est toujours ridicule, humilié par le clown blanc. Dans ce spectacle, Chocolat reproduit sur la scène le numéro qui faisait rire tous les Français des années 1890-1900 et un montage audio-visuel permet de montrer des images d’époque de ce duo filmé par le cinéma muet (c’est l’un des premiers films des frères Lumière). Fictions et réalité historiques se télescopent ainsi au gré des images d’archives et des propos de l’historien et du comédien. Cette scénographie a pour fonction d’inciter les spectateurs à s’interroger sur l’histoire des stéréotypes et des préjugés de couleur. La façon dont Foottit, le clown blanc, traite Chocolat choque profondément aujourd’hui notre sens de l’humanité, alors qu’elle provoquait le rire des Français de la Belle Epoque. Ce constat permettra d’ouvrir une réflexion sur l’évolution des représentations depuis un siècle, et sur les formes actuelles d’humiliation des autres. Le propos du spectacle, empreint à la fois d’humour et de gravité, conjugue la connaissance et l’émotion, l’analyse et le témoignage. C’est l’occasion de rappeler qu’il existe toujours deux façons de raconter l’histoire : l’histoire savante des chercheurs et la mémoire des acteurs. Le public est incité à s’identifier aux malheurs du clown Chocolat, mais en même temps il est conduit à s’en distancier, pour éviter de sombrer dans le mélodrame et d’alimenter une vision du monde peuplée de victimes et de coupables. Les souvenirs de Chocolat et l’analyse de l’historien mettent en évidence les ressources que peuvent mobiliser les personnes stigmatisées afin de rompre avec le statut de victimes et devenir des acteurs de leur propre vie. Ce spectacle est aussi une occasion, chemin faisant, d’enrichir la mémoire collective sur les questions de l’esclavage, de la colonisation et de l’immigration. A partir de l’histoire véridique de Rafael, on rend hommage au rôle essentiel qu’ont joué les artistes issus de toutes ces immigrations dans le développement du spectacle vivant en France. Chaque représentation est suivie d’une discussion en présence de l’historien et des artistes Chocolat dans Télérama, par Thierry Leclère
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Distribution |
Marcel Mankita : Chocolat (rôle créé par Alain Aithnard) |
Texte : Gérard Noiriel Direction de production : Martine Derrier
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Au delà des mots, au delà de la conférence, et pourtant au cœur des mots, au sein de la conférence. Sans doute est-ce là le principal défi du projet « chocolat » : ne pas empêcher chez l’auditeur ce plaisir particulier qu’est l’écoute d’une conférence tout en provoquant et dérangeant cette écoute par l’émergence de la fiction et du théâtre. Nous avons appelé cette forme de spectacle : « Théâtre-performance ». La performance réside sans doute dans la juxtaposition de ces deux mondes antagonistes, celui de la conférence , de l ‘intelligence analytique et celui du théâtre, de l’intelligence émotionnelle. Le conférencier : Gérard Noiriel reste le maître du jeu, c’est lui qui fait appel à la fiction et au théâtre pour étayer son propos. Il donne la possibilité au personnage de « chocolat » incarné par un acteur : Alain Ainthard en alternance avec Marcel Mankita, de raconter les moments importants de sa vie et de faire la démonstration de la complexité des discriminations vécues dans sa vie d’homme et d’artiste noir, au cœur d’une communauté blanche, à la fin du 19e siècle. Le conférencier nous donne un cadre de compréhension des mécanismes des discriminations au cours de l’histoire et d’une époque en particulier. Avec les mots de l’historien et du chercheur, nous comprenons très vite que la discrimination appartient aux sociétés depuis la nuit des temps et que cette lutte contre les inégalités est avant tout une lutte de l’intelligence contre le pulsionnel qui est l’apanage de chacun. Chocolat est au prise dans sa chair avec ce conflit, il fait des choix contraints par la nécessité et la survie, il offre dans le même temps la démonstration que l’art a bien du mal à se libérer des préjugés de la société dans laquelle il évolue. Brecht avait rêvé et travaillé à un théâtre qui laisserait le spectateur attentif aux problèmes politiques et sociaux de la société, il freinait l’émotion du spectateur en faveur de son intelligence et de sa raison. Sans doute travaillons-nous dans le même sens avec d’autres outils, réunir sur un même plateau un scientifique de renom et la machine à songes qu’est le théâtre, c’est aussi , par une pirouette de clown, tenter de décloisonner une société toujours aux prises avec les discriminations. |
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Directeur d’études à l’EHESS, Gérard Noiriel est co-directeur de la collection « Socio-histoires » aux éditions Belin et co-fondateur de la revue « Genèses. Sciences sociales et histoire ». Il est également membre associé de l’Institute for Advanced Study de Princeton. Spécialiste de l’histoire de l’immigration et de l’Etat-nation, il a publié une douzaine d’ouvrages. Il a également participé, en tant que conseiller historique, à une série d'une quarantaine de documentaires pour FR3 en 1990-1991, sur l’histoire de l’immigration en France. Membre du conseil scientifique de la Cité nationale de l’histoire de l’immigration, il a démissionné en mai 2007 avec 7 autres universitaires, pour protester contre la création d'un ministère associant la question de l'immigration et de l'identité nationale. Il a fondé récemment le collectif DAJA, afin de rapprocher les universitaires et les professionnels du spectacle vivant. Gérard Noiriel a impulsé également des projets théâtraux à la Cité nationale de l’histoire de l’immigration (CNHI). |